lundi, décembre 05, 2011

GBAGBO : l’historien et le politique devant le tribunal des ses bourreaux

Une affiche inédite. Gbagbo devant la CPI. C’est aujourd’hui. Une date à marquer d’une croix rouge sur le calendrier des événements politiques liés à l’histoire de l’Afrique et du Monde. De quoi s’agit-il ? Dans les violences postélectorales qui ont martyrisé la Côte d’Ivoire, l’ancien président ivoirien se serait rendu coupable, "co-auteur indirect", selon les termes de la CPI, de crimes contre l’humanité, de viols, de meurtres, de tortures etc. L’on frise presque l’hilarité à l’entendement d’une telle charge tant elle s’apparente à un véritable complot politique destiné à liquider un homme qui constitue encore aux yeux de nombreux observateurs une des pièces maîtresse de la politique ivoirienne. Mascarade de justice ? A dire vrai, l’expression n’est pas de trop tant elle résume bien la nature du faisceau de raisons à la source de cette convocation qui n’aura d’historique que le nom.

L’on se demandera naturellement au nom de quoi Gbagbo est-il devant cette cour qui devrait naturellement être débaptisée en Cour Pénale des Impérialistes ? Où sont les commanditaires des massacres de la grande tuerie de Duékoué ? Qui a fait appel à une armée étrangère pour renverser l’ex-président ivoirien ? Qui a financé une rébellion armée qui a terrorisé pendant 10 ans la Côte d’Ivoire ? Qui a ridiculisé l’Union Africaine en remettant le destin de tout un peuple dans les mains de l’ancien colonisateur ? Autant de questions qui montrent le caractère pour le moins ridicule de ce procès. Quel est son intérêt alors que la Côte d’Ivoire panse les plaies encore ouvertes de la crise postélectorale ? Quel est son but lorsque l’on sait qu’aucun des camps impliqués dans cette crise politique sanglante ne peut revendiquer le manteau blanc de l’innocent ? Peut-on raisonnablement mettre sur la tête d’un seul homme la responsabilité de plus de 3 000 morts ? Et quelle est la responsabilité de ceux qui ont aidé le nouveau pouvoir ?

Le monde entier va de nouveau assister à une énième parade de la CPI qui s’est spécialisée dans le spectacle de l’humiliation des Africains. Officiellement mis en place en 2002, cette cour s’est fait surtout remarquée en devenant une des caisses de résonnance de la voix des puissants qui l’utilisent aujourd’hui comme une arme pour inquiéter les dirigeants récalcitrants du sud. Avec le procès Gbagbo, la CPI va de nouveau réécrire l’histoire à sa façon telle que le lui recommande en tout cas ses principaux instigateurs. Elle ne dira ni la vérité ni ne mettra la lumière sur ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire. Car tout le monde le sait, ce procès semble avoir été motivé par des lugubres raisons politiques visant à mettre K.O. un homme dont le seul tort est d’avoir tenu tête à l’ancienne puissance colonisatrice. L’ironie de l’histoire voudrait que les principaux responsables du chaos ivoirien soient ceux là même qui ont livré l’historien ivoirien à la CPI. Mais l’histoire dira si c’est la bonne voie pour conduire le pays d’Houphouët à la réconciliation nationale. Même si le procureur Luis Moreno-Ocampo a assuré que Laurent Gbagbo ne serait "pas le dernier" à devoir rendre des comptes. Dont acte.

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